COVID-19

Jusqu’ici tout était lointain, on parlait beaucoup de la Chine puis cela s’est rapproché. L’Italie commençait à être submergée, mais l’Italie ce n’est pas la France.

Le 04 mars 2020 je dois aller faire des photos à l’église évangélique de « La Porte Ouverte Chrétienne ». Peu de temps avant et durant une semaine, 2000 personnes se sont rassemblées dans cette église, favorisant ainsi la propagation du virus. Le premier foyer épidémique hexagonal vient d’apparaître, Mulhouse clignote en rouge sur la carte de France, c’est le début d’une période qui marquera longtemps les esprits.

En ville rapidement les effets se font sentir, des panneaux indiquent les mesures sanitaires à suivre pour faire barrière au virus, les écoles ferment, les enfants devront suivre le programme scolaire à la maison. Cependant le premier tour des élections municipales est maintenu.

Le 16 mars l’Allemagne ferme ses frontières et le confinement est dans toutes les têtes, il interviendra le 17 à 12h, mais déjà les gens se ruent dans les magasins.

À Mulhouse, passés les premiers jours, on s’habitue aux « rotations » des hélicoptères évacuant les malades du COVID-19. Ils acheminent ces patients vers d’autres établissements afin de faire de la place dans le service de réanimation. Mais très vite c’est toute la région qui est saturée. L’armée vient en renfort assurant, sous le nom d’opération « Morphée », certains de ces transferts vers le sud par avion cargo ainsi que l’installation d’un hôpital de campagne. Il faut aider le personnel soignant épuisé, lessivé, rincé par cette vague pandémique.

Les EHPAD sont particulièrement touchés, ils sont strictement confinés et il faut y tester les résidents pour déterminer qui est ou non affecté par le virus. Une structure d’accueil pour SDF présentants les symptômes se met en place à Mulhouse. Les médecins généralistes deviennent les premiers maillons de la chaine sanitaire et globalement, devant l’urgence, les équipes soignantes reprennent la main sur la gestion de la crise.

Malgré cette mobilisation, on ne peut éviter un certain nombre de décès et rapidement les pompes funèbres sont également débordées. Dans ces circonstances particulières leur protocole est modifié: la dépouille est mise dans une housse, le cercueil immédiatement fermé et il n’y a plus toilette mortuaire. À de très rares exceptions près, il devient impossible pour les familles de revoir le corps de leur proche et les obsèques se font en petit comité.

Dans cette atmosphère où chacun risque la contamination et s’inquiète pour soi et ses proches, le travail de certaines personnes les expose. Loin des espaces confinés du télétravail il s’agit pour celles-ci de vivre au contact d’une maladie inconnue et potentiellement mortelle.

Pourtant dans la grande majorité des cas le COVID-19 ne tue pas les personnes infectées. Nombreuses sont celles qui rentrent chez elles après des semaines d’hospitalisation et parfois des transferts à l’autre bout de la France. Le repos et le suivi du médecin traitant devraient suffire pour que ces patients récupèrent. Souvent le sentiment d’avoir frôlé la mort étreint celui qui a été en réanimation. Le souvenir de la maladie restera gravé.

©Sébastien Bozon / Agence France Presse